Débat sur la réintroduction de la munition militaire à domicile : risques accrus pour la santé mentale des jeunes soldats

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Une proposition de retour de la munition personnelle pour les militaires suisses

Le sujet de la possibilité pour les soldats suisses de garder de la munition chez eux refait surface dans le contexte actuel. Après avoir été abandonnée en 2007 en raison de préoccupations liées à l’augmentation des suicides, cette pratique pourrait évoluer à nouveau. La question sera discutée cette semaine au Conseil des États, à l’initiative du sénateur Werner Salzmann (UDC/BE). Il souhaite que la «munition de poche» redevienne autorisée, invoquant principalement des raisons de sécurité nationale.

Selon lui, le contexte international actuel justifierait ce changement, considérant que la présence immédiate de munitions renforcerait la protection des infrastructures critiques. L’élu estime aussi que cela témoignerait de la confiance de la société envers ses soldats, prêts à défendre leur pays en toutes circonstances. Il rappelle que, par le passé, le Conseil fédéral avait laissé entendre qu’un tel retour pourrait être envisagé si la situation sécuritaire l’imposait, ce qui, selon lui, est désormais le cas.

Les risques pour la santé mentale et l’impact sur le taux de suicides

Les experts mettent en garde contre une possible hausse des suicides

Le médecin psychiatre Urs Hepp, reconnu dans le domaine, met en évidence les dangers liés à une telle réintroduction. Il souligne qu’elle pourrait conduire à une augmentation significative des suicides parmi les jeunes hommes, en raison de la facilité accrue d’accès aux moyens de se faire du mal. Les chiffres historiques apportent un éclairage pertinent : dans les années 2000, on recensait environ 70 suicides annuels par arme à feu chez les hommes de moins de 40 ans. Aujourd’hui, ce chiffre aurait chuté à moins de vingt, notamment grâce à une meilleure gestion de l’accès aux armes et à une sensibilisation renforcée.

Selon l’expert, restreindre l’accès à certaines méthodes de suicide pourrait contribuer à réduire le nombre total de décès liés à ces gestes. En revanche, pour Werner Salzmann, la baisse observée s’expliquerait plutôt par l’amélioration des processus de recrutement et de suivi psychologique des militaires, plutôt que par la restriction de leur accès aux armes.

Position officielle et prochaines étapes du débat

Le département chargé de la défense préconise le rejet de cette proposition. Si le Conseil des États décide néanmoins d’adopter la motion, le dossier sera transmis au Conseil national pour un examen plus approfondi. La question reste donc ouverte, avec des enjeux à la fois sécuritaires et sanitaires.

Les ressources en cas de crise de pensées suicidaires

Face à ces problématiques, il est essentiel d’inciter les personnes en détresse ou celles qui s’interrogent sur leur santé mentale à chercher de l’aide. Plusieurs services sont disponibles en permanence :

  • La Main Tendue (adultes): 143
  • Pro Juventute (jeunes): 147
  • Urgences médicales: 144

Pour des conseils ou un accompagnement spécialisé, des sites comme Santépsy.ch ou Stop Suicide peuvent également être consultés.