Amour, engagement et intimité après 50 ans : portraits croisés d’une génération qui réinvente le couple

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Dans le Caveau des Vignerons à Lutry, une discussion intergénérationnelle met en lumière les mutations de l’engagement amoureux et les façons d’aborder l’intimité dans le couple moderne.

Un engagement revisité par le cadre juridique et les choix personnels

Jasmine et Samuel, un jeune couple avec une fille de deux ans, illustrent une génération qui réinvente les codes du mariage. Issue d’une famille féministe, Jasmine ne se reconnaissait pas dans le modèle traditionnel centré sur la robe blanche et sur une forme de soumission. Le couple a donc choisi une voie qui leur convient: un partenariat enregistré cantonal et ce qu’ils préfèrent appeler un contrat de famille, plutôt que le terme concubinage.

Un contrat écrit à deux mains

Pendant six mois, Jasmine et Samuel ont planifié leur projet commun lors de longues promenades en forêt. Ils ont établi un cahier des charges abordant les finances, l’arrivée des enfants, le lieu de vie et d’autres questions essentielles. Ils ont même envisagé l’éventualité d’un divorce et rédigé ce qu’ils appellent un contrat de divorce, estimant utile d’aborder ces questions tant qu’ils s’aiment et s’entendent. Parmi les engagements, ils prévoient de rester dans la même ville jusqu’aux 16 ans de leur plus jeune enfant en cas de séparation future.

Cette démarche témoigne d’une approche proactive et réfléchie du couple face à l’avenir.

Des récits qui interrogent les clichés

À 81 ans, Françoise bouscule les idées reçues sur l’amour et la sexualité. Après deux mariages et plusieurs relations, elle vit aujourd’hui une histoire marquante avec un homme rencontré à 55 ans, ce qui a renforcé sa confiance et changé sa perception de l’amour et de l’intimité. Sa fille, médecin d’une cinquantaine d’années, se réjouit de voir sa mère en forme et assume le choix de poursuivre une vie amoureuse et une sexualité active. Face à des réactions de son entourage qui pourraient lui conseiller de se calmer, Françoise répond qu’elle ne tient pas à se réduire et que la vie peut être belle et riche.

Le regard de la génération

La fille médecin exprime son soutien et son bonheur face à l’épanouissement maternel, tandis que Françoise rappelle que les mentalités évoluent et que les choix individuels doivent être respectés, même s’ils diffèrent des normes d’autrefois.

L’épreuve de la maladie et le poids de l’engagement

Le témoignage de Walter, 88 ans, apporte une dimension poignante. Marié en 1966 à Renée, il a partagé 55 années avec elle avant que la schizophrénie ne se déclare chez sa femme après la naissance de leur fils. De nombreuses discussions nocturnes et des crises ont ponctué leur vie commune. Alors que certains proches avaient suggéré la séparation, Walter est resté à ses côtés. La découverte ultérieure du passé traumatique de Renée — enlèvement à l’âge de 3 ans et placement en institut — a renforcé sa conviction d’avoir fait le bon choix. Aujourd hui veuf, il entretient une relation d’amitié avec une autre femme et n’envisage pas de revivre une vie de couple.

Des outils pour nourrir durablement l’amour

Ces parcours soulignent l’importance de la communication. Jasmine et Samuel ont dès le départ consulté une thérapeute de couple, ce qui les a aidés à parler de manière plus claire et à se sentir soutenus comme une équipe. Françoise applaudit cette démarche et voit dans elle une évolution des mentalités entre les générations. À l’inverse, Walter regrette de n’avoir pas bénéficié d’un tel accompagnement, jugeant que la voie traditionnellement imposée à son époque manquait d outils pour faire face aux crises.

Le reportage rappelle que ces témoignages illustrent l’importance de dialoguer et de s’appuyer sur des ressources d accompagnement pour préserver l’amour et la complicité au fil du temps.

Crédits: Luigi Marra / La Discute