Tensions en Europe de l’Est : l’incident en Pologne et le dispositif AWACS de l’OTAN en alerte

Surveillance au plus haut niveau: l’OTAN renforce l’attention sur l’espace aérien est-européen

À environ 10 000 mètres d’altitude, au-dessus de l’est de la Pologne, des officiers des forces aériennes des pays membres de l’OTAN analysent les écrans pour détecter tout signe d’aéronefs russes.

Incidents récents et contexte de tension

La menace est apparue clairement vendredi lorsque deux avions de combat russes ont violé l’espace aérien estonien pendant douze minutes, provoquant le décollage des chasseurs de l’OTAN. Sur le même jour, au-dessus de la Pologne, le ciel semblait calme. Cependant, l’équipage de l’avion AWACS dédié à la reconnaissance, parti d’une base en Allemagne, demeure vigilant.

« Si une menace aérienne vise l’OTAN, nous voulons nous assurer de la détecter aussi rapidement que possible », déclare le lieutenant‑colonel allemand Mike Belizaire. L’officier s’exprime à partir du vol et maintient les yeux rivés sur l’écran.

« Notre mission est de fournir une alerte rapide afin de donner plus de temps au commandement pour décider de la réponse », rappelle‑t‑il.

Les incidents en Estonie et la réponse de l’alliance

L’intrusion en Estonie marque le dernier épisode d’une série qui a renforcé les tensions à la frontière orientale de l’OTAN en moins de deux semaines.

Les yeux dans le ciel : le rôle des AWACS dans Eastern Sentry

Dans la nuit du 9 au 10 septembre, des drones russes ont été abattus au‑dessus de la Pologne, une première pour l’Alliance depuis sa création en 1949. En réaction, l’OTAN a institué la mission Eastern Sentry pour consolider la défense du flanc est, déjà renforcé depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.

« Nous menons des missions en Pologne depuis plusieurs années pour protéger les pays de l’OTAN », affirme le pilote principal belge de l’avion de surveillance, le capitaine-commandant Joel, qui préfère n’indiquer que son prénom conformément aux règles militaires. « Ce qui s’est passé en Pologne rappelle que tout peut arriver, et c’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui pour observer et garantir la sécurité du ciel de l’OTAN », ajoute-t‑il.

Le vol de huit heures effectué au-dessus du territoire polonais était le premier d’un des 14 avions AWACS mobilisés dans le cadre d’Eastern Sentry. Le radar embarqué, surnommé « les yeux dans le ciel », couvre environ 500 kilomètres et permet de surveiller les zones sensibles autour de Kaliningrad et de la Biélorussie.

L’équipage précise qu’il peut identifier des objets de la taille d’un gros oiseau, et qu’« être en altitude permet de voir plus loin ». Aaron Peace, opérateur de surveillance de l’armée de l’air américaine, ajoute que moins de 30 secondes suffisent pour évaluer si un élément inconnu représente une menace potentielle et déclencher, le cas échéant, l’alerte auprès des responsables au sol.

Le défi posé par les drones et les réponses envisagées

Les drones à faible coût, omniprésents dans le conflit en Ukraine et qui ont récemment traversé le territoire polonais, constituent un défi opérationnel. « Ils évoluent différemment des avions traditionnels, et les AWACS ont été conçus pour suivre des aéronefs plus lourds et plus rapides », observe le sergent‑major Aaron Peace. « Les petits objets se déplacent différemment et demandent des méthodes adaptées pour les suivre et les identifier, mais ils restent visibles. »

Interrogés sur la capacité de défense face à des vagues massives de drones, les responsables reconnaissent le défi. Un responsable de l’OTAN, qui préfère rester anonyme, indique que « la meilleure solution n’est pas nécessairement un missile coûteux tiré d’un avion cher », et que l’Alliance explore des approches innovantes et économiquement efficaces pour contrer cette menace.