Suisse romande face aux nouvelles taxes américaines : impacts économiques et perspectives d’emploi
Contexte et premiers constats
Selon l’économiste Thomas Veraguth, la Suisse occidentale et, plus particulièrement, la Romandie semblent être plus directement affectées par les nouvelles taxes américaines que d’autres régions du pays, a-t-il indiqué mercredi dans La Matinale.
Il rappelle que l’arc jurassien demeure fortement exportateur et que les entreprises actives dans des secteurs non couverts par les exemptions, à l’exception de la pharmacie et du commerce de l’or, présentent une vulnérabilité plus marquée.
Réactions des chefs d’entreprise et incertitude
Lors d’une rencontre à Fribourg organisée par la Chambre de commerce et d’industrie, Veraguth a évoqué une inquiétude perceptible parmi les dirigeants. Beaucoup entretiennent des liens importants avec des partenaires américains, souligne-t-il, tout en ajoutant que l’incertitude persiste même du côté des États‑Unis.
Impact différencié selon les secteurs
Pour certaines entreprises, une présence directe sur le marché américain ou des contrats avec des distributeurs permettent d’atténuer les effets des taxes. D’autres, comme les producteurs de fromage AOP de Gruyère, sont touchés de plein fouet, précise le spécialiste.
Un risque pour l’emploi
Dans le pire des scénarios, l’économiste estime qu’environ 20 000 postes pourraient être menacés. C’est un chiffre important qui dépasse les tensions observées jusqu’à présent dans les relations internationales de la Suisse, note-t-il.
Il rappelle aussi que lorsque les finances publiques sont mal gérées, la prime de risque augmente et le coût du financement privé s’enfound, ce qui peut peser sur la dynamique économique, souligne-t-il.
Pour l’heure, la situation demeure contenue: un nombre très restreint d’entreprises bénéficie d’un soutien, par exemple en chômage partiel, mis en place et soutenu par la Confédération.
À moyen terme, certaines pourraient toutefois limiter les investissements sur leur site suisse et mobiliser moins de ressources pour développer leur présence sur le marché américain, ce qui pourrait engendrer des effets indirects sur l’emploi et les investissements.
Le Conseil fédéral et les cantons se disent conscients de la situation et discutent activement. Des programmes existent déjà pour aider les PME à conquérir de nouveaux marchés et pourraient être renforcés à l’avenir.
Risque européen et contexte régional
Au-delà des États-Unis, l’économiste attire l’attention sur les répercussions possibles du niveau d’endettement de certains pays européens, en particulier la France. Une gestion des finances publiques insuffisante peut accroître la prime de risque et rendre plus coûteux l’emprunt privé, ce qui peut freiner la croissance et limiter le potentiel d’exportation des entreprises suisses.
L’avenir s’oriente vers l’Est
Pour l’avenir, Veraguth remarque un déplacement du pôle de croissance vers l’Est, avec la Chine, l’Inde et le Moyen-Orient qui prennent une place croissante. La Chine intensifie sa production de biens à forte valeur ajoutée; l’Inde, forte d’environ 1,4 milliard d’habitants et d’une classe moyenne en expansion, représente un autre centre majeur. L’accès à ces marchés reste toutefois complexe, et les Suisses comme les Européens privilégient généralement le commerce avec les Américains, bien que la donne se soit quelque peu compliquée.
Propos recueillis par Pietro Bugnon/hkr