Chien 51 : le thriller dystopique de Cédric Jimenez sur le Paris de 2045

Une adaptation ambitieuse mêlant science‑fiction et polar

Le rapport entre le cinéma français et la science‑fiction demeure parfois délicat, mais l’adaptation à 40 millions d’euros de Chien 51, best‑seller dystopique de Laurent Gaudé, est portée à l’écran par Cédric Jimenez, réalisateur de Bac Nord et Novembre. Visuellement, le film impressionne; il privilégie l’impact spectaculaire au détriment parfois d’une narration plus nuancée.

Cadre et intrigue

Paris, 2045. Après le passage d’un véhicule à un poste de contrôle près de l’île Saint‑Louis, un homme est abattu lors de son retour à domicile. Peu après, une enquête se transforme en traque dans la capitale et le suspect initial est retrouvé criblé de balles.

La victime est l’inventeur d’Alma, une intelligence artificielle qui gouverne la ville, désormais divisée en trois zones distinctes qui délimitent les classes sociales. Salia, enquêtrice de la Zone 2, s’allie à Zem, policier désabusé de la Zone 3, pour capturer Jon Mafram, chef d’un réseau de hackers clandestin hostile à l’IA et désigné par le Premier ministre comme cible prioritaire.

Un univers technologique et social

Le décor met en avant des bracelets personnels qui assurent un contrôle individuel, ainsi qu’un jeu télévisé permettant à des enfants défavorisés de passer de la Zone 3 à la Zone 2. Des drones occupent le ciel et l’intelligence artificielle soutient la police en proposant des scénarios probables destinés à éclairer les enquêtes les plus obscures. Résistants, puissants et un complot en toile de fond complètent ce tableau dystopique.

Un polar sans nuances ?

La critique souligne que seul l’intrigue générale du roman de Gaudé subsiste à l’écran, avec une Athènes futuriste remplacée par un Paris dominé par la haute technologie et l’IA. Jimenez privilégie la focalisation sur la répartition en zones et propose une lecture personnelle du récit adapté au grand écran.

Qu’en est‑il du reste ? Le film présente un univers où la population est soumise au contrôle via des dispositifs personnels, où un jeu télévisé peut influencer des destinées et où les drones saturent l’espace aérien. L’IA assiste les forces de l’ordre en fournissant des pistes susceptibles d’éclairer les affaires les plus nébuleuses. Au‑delà de ces éléments, des résistances, des élites et un éventuel complot s’entremêlent. Certaines critiques estiment néanmoins que l’œuvre manque de nuances et privilégie l’action au détriment d’une réflexion plus profonde sur les enjeux sociétaux.

Paris du futur, impressionnant sur le plan visuel

Le film paraît tiraillé entre deux tendances opposées : une fresque dystopique parfois simplifiée et un polar d’action plus direct. Malgré une certaine réduction du cadre politique et philosophique du roman, Chien 51 réussit à proposer une vision de Paris résolument moderne et esthétiquement convaincante. Les scènes les plus réussies naissent du duo d’enquêteurs, interprétés par Adèle Exarchopoulos et Gilles Lellouche, dont la retenue et la fragilité alimentent une tension nuancée.

Ouvrage solide et maîtrisé, l’ensemble déploie une vraie maîtrise technique et narrative, même si l’équilibre entre anticipation et polar ne libère pas tout le potentiel politique et subversif présent dans l’œuvre originale.

Réception et crédits

Note finale: 3/5, selon les critiques. Le casting réunit Gilles Lellouche, Adèle Exarchopoulos, Louis Garrel et Romain Duris, et le long métrage est sorti en salles romandes à partir du 15 octobre 2025.