Affaire des mains rouges: ouverture du premier procès en France sur l’ingérence russe et les dégradations ciblées
Contexte et enjeux du dossier
Le procès qui s’ouvre à Paris porte sur des actes de dégradation et des tentatives de déstabilisation visant à semer le trouble et à créer des fractures dans la population française, selon Laure Beccuau, procureure de Paris, qui a évoqué ces objectifs en septembre.
Éléments sur les prévenus et les faits
Au box du tribunal correctionnel de Paris, un quatrième prévenu est absent; il est visé par un mandat d’arrêt et demeure en fuite. Trois autres prévenus, extradés de Bulgarie et de Croatie et qui comparaissent détenus, désignent celui qu’ils présentent comme le leader de l’opération. Plus de 500 tags auraient été recensés, dont 35 sur le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah, au cœur de Paris.
Le premier prévenu affirme ne pas savoir où se trouvaient les lieux et ignorer qu’il taguait le Mur des Justes. Il précise être venu en France pour un gain de 1000 euros, en plus des frais de séjour.
Sur la suite des faits, le prévenu écarte certaines questions sur son recrutement et émet ensuite une supposition selon laquelle il n’aurait pas été choisi de manière aléatoire par le suspect en fuite et ses contacts russes.
Risque d’ingérence et piste russe
L’instruction a mis en évidence une piste russe, évoquant l’hypothèse d’une action de déstabilisation de la France orchestrée par des services de renseignement russes.
Le service Viginum, chargé de lutter contre les ingérences numériques étrangères, a signalé une instrumentalisation de l’affaire sur X par des acteurs liés à la Russie.
Selon le parquet, l’opération serait conduite par le dispositif d’influence russe RRN via un réseau de plusieurs milliers de comptes inauthentiques sur Twitter et par un pseudo média français créé par RRN, nommé Artichoc.
Éléments connexes et réactions
Cette affaire s’inscrit dans un ensemble d’affaires liées à des ingérences étrangères: étoiles de David sprayées en région parisienne, têtes de cochon déposées devant plusieurs mosquées et cercueils déposés au pied de la tour Eiffel.
Avant l’ouverture des débats, l’avocat des prévenus avait affirmé que l’ombre de la Russie plane sur la salle d’audience, visant à rappeler que les prévenus pourraient être des exécutants non conscients d’agir pour les intérêts de Moscou.
Deux des prévenus bulgares et l’absent sont poursuivis pour dégradations en réunion et en raison de l’appartenance supposée à une race, une ethnie ou une religion, ainsi que pour association de malfaiteurs. Le quatrième prévenu est soupçonné d’avoir organisé les réservations d’hébergement et de transport des auteurs principaux et est poursuivi pour complicité dans les dégradations et pour association de malfaiteurs.
La peine maximale encourue pour chacun est de sept ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Le procès se poursuit et doit se dérouler jusqu’à vendredi.