Rap français et organisations criminelles : révélations d une enquête présentée dans Empire, Enquête au cœur du rap français
Contexte et révélations clés
Ces dernières années, la scène du rap français a été marquée par plusieurs faits divers violents. Le dernier en date remonte à août 2024 et a impliqué un proche du rappeur marseillais SCH, tué à la sortie d une discothèque à La Grande-Motte, dans le sud du pays. Le livre Empire: Enquête au cœur du rap français, publié chez Flammarion, suggère que cette affaire pourrait porter l empreinte de la DZ Mafia, l une des principales organisations criminelles opérant à Marseille.
Les co-auteurs indiquent que l enquête a montré l émergence d une branche du groupe autour du rap, de l organisation de concerts et de mécanismes d extorsion visant des rappeurs. Selon Joan Tilouine, le collectif derrière Empire, l économie actuelle du rap attire des acteurs criminels et peut peser sur les artistes, qui redoutent parfois d enregistrer et voient leur créativité mise en jeu.
Économie et risques entourant le rap contemporain
À rebours des débuts du mouvement dans les années 1980, le milieu du rap est aujourd hui décrit comme un empire en raison de ses revenus importants. Le livre rappelle que le rap représente désormais un des plus grands marchés culturels en France et dans l espace francophone, avec des chiffres évoqués comme des milliards d écoutes et des avances artistiques qui peuvent atteindre des sommes élevées pour un album. Cette dynamique économique est présentée comme susceptible d attirer des organisations criminelles ou des acteurs liés au narco-banditisme qui chercheraient à s imposer dans les contrats et à obtenir des concessions.
Le cas emblématique de Jul
Le parcours du rappeur marseillais Jul illustre ces mécanismes. Après avoir dû composer avec des investisseurs informels, parfois liés à des réseaux illicites, pour financer ses premiers projets, le succès est ensuite venu, accompagnant des tensions. Des artistes ressentent qu ils ne perçoivent pas suffisamment de retours sur leur musique et cherchent à s affranchir de leurs protecteurs, ce qui peut conduire à des périodes particulièrement sensibles.
Selon Tilouine, certains cadres de maisons de disques ont été placés sous protection policière et des rappeurs ont parfois dû s exiler pour assurer leur sécurité. L idée qui prévaut dans le milieu, citée par les interlocuteurs, est que les véritables voyous ne seraient pas nécessairement des rappeurs eux‑mêmes.
Propos recueillis par Renaud Malik et Coralie Claude. Texte pour le web: Fabien Grenon.