Coupes budgétaires dans l’aide au développement: jusqu’à 22,6 millions de décès évitables d’ici 2030, selon une étude internationale
Cervical Cancer Prevention Programs In Indonesia A junior high school student receives an HPV Human Papillomavirus vaccine injection from a medical officer in a classroom in Malang, East Java, Indonesia, on December 20, 2024. The Indonesian government targets 90% of adolescent girls to be protected by the HPV vaccine for free as a prevention of early cervical cancer infection until 2030. Malang Indonesia PUBLICATIONxNOTxINxFRA Copyright: xAmanxRochmanx originalFilename: rochman-notitle241220_np69L.jpg
Contexte et méthodologie de l’étude
Une étude internationale, financée par la Fondation Rockefeller et le ministère espagnol de la Recherche, met en lumière les risques sanitaires potentiels liés aux réductions de l’aide étrangère d’ici 2030. L’analyse, obtenue en exclusivité par l’AFP, actualise une première évaluation publiée au début de l’année et qui portait sur les conséquences des coupes d’aide associées à l’ère Trump, notamment le démantèlement de l’USAID, et qui estimait 14 millions de décès supplémentaires.
Les chercheurs élargissent le cadre à l’ensemble de l’aide publique au développement (APD), en tenant compte des diminutions observées de la part du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne, parmi d’autres donateurs européens.
Résultats clés et implications
Dans le scénario le plus pessimiste, l’étude prévoit jusqu’à 22,6 millions de décès supplémentaires d’ici 2030, dont environ 5,4 millions chez les enfants de moins de cinq ans, par rapport à une situation inchangée. À l’inverse, une réduction plus modérée de l’aide pourrait entraîner environ 9,4 millions de décès supplémentaires.
Ces chiffres s’appuient sur l’idée que l’aide publique au développement a, par le passé, contribué à réduire les mortalités liées au VIH, au paludisme et à la tuberculose, et que des coupes budgétaires importantes pourraient affaiblir ces progrès.
Évolution des dons et réaction des acteurs
Selon l’étude, peu après son entrée en fonction, le président américain aurait réduit de plus de 80 % l’aide étrangère et démantelé l’USAID, la plus grande agence d’aide au monde qui avait distribué environ 35 milliards de dollars au cours de l’exercice 2024. Le secrétaire d’État, Marco Rubio, a déclaré que cette aide ne servait pas les intérêts fondamentaux des États-Unis, citant notamment des votes des bénéficiaires contre les États-Unis à l’ONU.
Par ailleurs, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont aussi réduit leur soutien en raison de contraintes budgétaires et de l’augmentation des dépenses de défense après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. À l’inverse, l’aide du Japon est restée relativement stable ces deux dernières années.
À propos de la revue et des prochaines étapes
Les résultats ont été présentés comme une soumission à la revue The Lancet Global Health et restent en attente d’évaluation par les pairs. Le document s’appuie sur des données historiques montrant l’impact positif de l’aide publique au développement dans la prévention des décès évitables et souligne les risques associés à un recul budgétaire coordonné.