Rizières du Vully en Suisse : du marécage à un habitat favorable à la biodiversité et à la riziculture locale

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Une riziculture adaptée au climat européen

Des paysages qui scintillent et affichent un vert vif évoquant des panoramas tropicaux séduisent les voyageurs, que ce soit en Chine, au Vietnam ou, progressivement, dans nos latitudes. Dans le Vully suisse, six hectares de rizières s’inscrivent au bord du canal de la Broye, entre les lacs de Morat et de Neuchâtel, avec une parcelle supplémentaire exploitées près de Kappelen, dans la campagne bernoise.

Genèse et approche innovante

Le projet a germé il y a sept ans dans la famille Guillod. Laurent Guillod, ingénieur agronome, voit dans le riz une culture qui pourrait s’implanter durablement dans le nord des Alpes, offrant des bénéfices économiques et écologiques. Malgré une entrée initiale marquée par le maraîchage, l’auteur explique avoir mené des recherches, voyagé et réalisé des essais pour tester la viabilité de cette culture.

Le développement a aussi été guidé par une rencontre fortuite avec une machine de nivellement et par une collaboration avec Agroscope, dans le but d’associer production agricole et préservation des zones humides.

Des techniques adaptées et une biodiversité renaissante

Les méthodes empruntent des techniques d’Asie, mais elles ont été réinventées pour le climat européen : serres, parcelles irriguées et nivelées au centimètre près. Le cycle commence au printemps en serre, où les plants de riz sont cultivés selon une méthode asiatique; après environ un mois, ils sont transplantés dans les rizières inondées, puis la culture se poursuit jusqu’à la récolte en automne. Le processus ne nécessite pas de produits phytosanitaires; le désherbage s’effectue manuellement.

Cette reconversion d’un ancien marécage, redressé après les travaux hydrauliques du Jura, retrouve aujourd’hui un cadre favorable à la faune sauvage. On observe une diversité d’oiseaux, notamment des vanneaux, ainsi que des amphibiens et une abondance de libellules. Le retour des rainettes, espèce inscrite sur la liste rouge, est aussi signalé.

Climat, risques et perspectives

Le réchauffement global apporte certains atouts pour le riz, plante sensible à la chaleur, mais des fluctuations climatiques peuvent compliquer des phases critiques du développement. Malgré ces signaux positifs, l’évolution demeure incertaine et potentiellement risquée à certains moments.

En Suisse, ce modèle de culture pourrait se déployer davantage, à l’image d’autres cultures comme l’olive ou la pastèque. Pour les Guillod, l’objectif est expérimenté et progressif: viser une activité où le riz est cultivé et commercialisé de manière autonome.