Sleepmaxxing : la tendance d’optimisation du sommeil qui soulève des inquiétudes

Le terme « sleepmaxxing », qui se traduit par l’optimisation du sommeil, désigne une pratique qui gagne en visibilité sur les réseaux sociaux. Si certaines recommandations relèvent de simples conseils de bon sens — comme dormir dans une chambre sombre et fraîche, éviter la caféine et les écrans le soir ou gérer son stress — d’autres méthodes présentées comme « miracles » suscitent de vives réserves, certaines étant même considérées comme potentiellement risquées.

Un intérêt croissant pour le sommeil sur les réseaux sociaux

L’attrait pour l’optimisation du sommeil s’inscrit dans une tendance plus large : la quête du bien-être et de la longévité. De nombreux influenceurs partagent ainsi des astuces censées améliorer la qualité du repos, mais plusieurs de ces approches reposent sur des arguments non validés scientifiquement. Dans certains cas, les experts mettent en garde contre des effets indésirables ou des risques pour la santé.

Le « balancement du cou » : une méthode controversée

Parmi les pratiques associées au sleepmaxxing figure le « Face-hanging Workout », également appelé « balancement du cou ». Cette technique est apparue en Chine, notamment dans la ville de Shenyang. Le principe consiste à se suspendre à l’aide d’un dispositif fixé sous le menton, permettant au corps de se balancer dans les airs. Son promoteur, Sun Chunrong, affirme que cet exercice de traction cervicale permettrait d’atténuer des douleurs au cou ou au dos, et rapporte qu’il aurait séduit plusieurs centaines de pratiquants locaux et internationaux.

Si certains témoignages rapportés par des médias chinois évoquent un soulagement, les autorités médicales restent réservées. La télévision publique chinoise a indiqué qu’au moins un décès avait été recensé en lien avec cette pratique, incitant les scientifiques à alerter sur ses dangers potentiels.

Le « mouth taping » ou pansement buccal durant le sommeil

Une autre technique populaire est le « mouth taping », qui consiste à sceller la bouche avec un pansement spécial pour favoriser une respiration nasale pendant la nuit. Certains influenceurs assurent que cette méthode réduirait les ronflements, améliorerait la qualité du sommeil et favoriserait une meilleure santé bucco-dentaire.

Selon le neurobiologiste Albrecht Vorster, il est vrai qu’une respiration nasale efficace peut contribuer à un meilleur sommeil. Toutefois, des chercheurs de l’Université George Washington ont précisé qu’aucune étude scientifique ne démontre l’efficacité du pansement buccal sur la qualité du repos. Ils mettent également en garde contre des risques significatifs pour les personnes souffrant d’apnée du sommeil ou d’autres troubles respiratoires nocturnes.

Quand l’obsession du sommeil devient contreproductive

Pour Albrecht Vorster, le sleepmaxxing reflète une tendance sociale plus générale orientée vers l’allongement de l’espérance de vie et l’optimisation des performances quotidiennes. Mais cette recherche permanente peut parfois se retourner contre ceux qui la pratiquent. L’expert observe l’émergence de l’« orthosomnie », un phénomène où des individus se préoccupent excessivement de leur sommeil, allant jusqu’à consulter en permanence leurs applications de suivi nocturne ou à limiter leurs activités sociales de peur de nuire à leur repos.

La spécialiste britannique Kathryn Pinkham souligne également qu’un contrôle trop strict du sommeil peut renforcer le stress et perturber l’endormissement, produisant l’effet inverse de celui recherché.

Une tendance à aborder avec prudence

Le sleepmaxxing illustre l’intérêt croissant que porte le public à la qualité du sommeil, un pilier essentiel de la santé aux côtés de l’alimentation, de l’activité physique et des relations sociales. Si certaines recommandations peuvent être bénéfiques, d’autres méthodes suscitent de sérieux doutes ou comportent des risques. Les experts conseillent donc la prudence et recommandent de privilégier uniquement les approches validées par des bases scientifiques solides.